18 Mai 2016

André Brahic : un planétologue atypique

Dimanche 15 mai 2016, André Brahic quittait ce monde... Le CNES, à travers ses collègues, ses amis, ses admirateurs, salue en lui le planétologue, le communicant, le républicain et l’humaniste.

Une carrière internationale

Nommé Professeur à l'Université Paris Diderot en 1978, André Brahic était l’un des pères de la planétologie française moderne. Connu internationalement pour ses travaux sur les anneaux planétaires et sur la formation des planètes, il a tout d'abord travaillé sur la théorie du chaos, la dynamique des galaxies, mais également sur les supernovas. En 1974, il publie les premiers modèles numériques d'aplatissement des disques astrophysique. En 1984, le planétologue découvre, depuis le sol, les anneaux de Neptune et démontre la présence d'arcs, des structures dynamiques nouvelles comme des anneaux incomplets. Quelques années plus tard, les images de la mission américaine Voyager confirment cette étonnante découverte.

André Brahic s’implique ensuite dans la mission Cassini qui a révolutionné notre connaissance des anneaux, des satellites et des marées dans notre système solaire. Le 17 janvier 2005, à la Cité des Sciences et de l’industrie, plus de 2 000 personnes se pressaient pour assister à une soirée exceptionnelle, la retransmission des premières images prises par Huygens, la sonde européenne, sur Titan. André Brahic, membre de l’équipe de la caméra de Cassini, participait à cette soirée exceptionnelle. Sans cacher son excitation, celui qui a vu naître ce projet il y a plus de 20 ans admettait que ce soir-là était "le soir de sa vie".



André Brahic. Crédits : Sophie Chivet.

Une personnalité atypique

Au CNES, Francis Rocard, l’un de ses anciens étudiants aujourd’hui planétologue, témoigne de la personnalité atypique d’André Brahic : "spécialiste des anneaux de Saturne et codécouvreur des arcs de Neptune, il avait obtenu de l’Union astronomique internationale de les nommer Liberté, Égalité, Fraternité, bel hommage à la devise de la République française. Il n’avait pas d’égal pour communiquer son savoir avec une fougue incroyable tout en humour et glissant systématiquement quelques messages politiques." De son côté, Jean-Louis Monin, responsable du programme Sciences de l’Univers, microgravité et exploration au CNES, avoue que c’est en écoutant une conférence d’André Brahic qu’il a choisi de se diriger vers la planétologie. Séverine Klein, responsable de la communication numérique, se souvient de sa 1ere interview d’André Brahic pour le site du CNES : "C’était une tornade. En 3 min, alors qu’on débute dans le métier de la vulgarisation scientifique, il devient forcément votre idole."

Le CNES salue la passion de l’homme, du scientifique et du vulgarisateur. Un homme mené par l’idée que "la richesse de l’univers est beaucoup plus grande que l’imagination des hommes" et que "Chaque nouvelle découverte entraîne 10 nouvelles questions". Comme il  l’a souhaité dans un clin d’œil facétieux, aujourd’hui André Brahic touche peut-être les anneaux de Neptune. "Mais ça, c’est une autre histoire…"

André Brahic aux Mardis de l’espace

Sa fougue, son enthousiasme, au CNES, nous avions pu en mesurer l’ampleur dans un exercice de communication scientifique qu’il affectionnait particulièrement, la communication grand public. Il fut l’un des premiers invités des Mardis de l’espace. En compagnie de Fabienne Casoli, directrice adjointe au CNES, il s’était adressé au public de cette soirée pour transmettre en un bouquet aussi drôle qu’enivrant, connaissances et goût de la science.