1 Août 2014

Rosetta photographie la chevelure de sa comète

Dans moins d’une semaine, le 6 août, Rosetta arrivera au terme de sa longue course derrière le noyau de la comète 67P. L’ESA vient de diffuser 2 nouvelles images : la première met en évidence la chevelure de gaz et de poussière qui enveloppe le noyau ; la seconde montre des détails de plus en plus fins sur ce noyau.
1er août 2014

Gros plan sur la chevelure

Rosetta et sa comète se situent actuellement à près de 544 millions de km du Soleil. L’année prochaine, le 13 août 2015, 67P passera au plus près du Soleil sur son orbite – le périhélie – à près de 185 millions de km.

Au fil des mois, sous l’action de l’énergie solaire, une portion croissante des glaces (gaz congelés) et principalement de la glace d’eau enfouie dans le noyau et peut être présente à la surface va se sublimer – passer directement de l’état solide à l’état gazeux – entraînant dans l’espace des quantités de poussières qui vont former ce que l’on appelle la chevelure de la comète.

Le rayonnement ultraviolet, le vent solaire et la pression de radiation de la lumière de notre étoile vont agir sur ce gaz et ces poussières pour donner naissance à deux queues – l’une de gaz ionisés et l’autre de poussières – de plus en plus développées dans la direction opposée au Soleil.

Actuellement, la chevelure qui enveloppe le noyau est encore extrêmement ténue, mais l’image prise par la caméra à grand champ OSIRIS-WAC de Rosetta permet déjà de la mettre en évidence. La pose de 330 secondes a été faite le 25 juillet à une distance de 3 000 km et elle couvre un champ de 150 km de côté environ.

Le noyau et la région centrale de la chevelure sont totalement surexposés par cette longue pose et on peut voir, sur la droite, une structure sphérique qui se superpose à la chevelure et qui est, en fait, un artefact, un reflet dans l’optique de la caméra.

La forme globale de la chevelure légèrement asymétrique est cependant perceptible. Elle résulte d’une combinaison de facteurs, comme la forme irrégulière du noyau, le fait que les émissions de gaz et de poussières ne sont sans doute par réparties uniformément sur la surface, et que leur activité dépend de leur exposition au Soleil et donc de la rotation du noyau. La composition de la surface doit également jouer un rôle.

29 juillet 2014

Cette image a été prise le 29 juillet 2014 à 1 950 km de distance par la caméra OSIRIS-NAC et la résolution est de 37 m par pixel.
Cette image a été prise le 29 juillet 2014 à 1 950 km de distance par la caméra OSIRIS-NAC et la résolution est de 37 m par pixel. Crédits : ESA/Rosetta/MPS for OSIRIS Team MPS/UPD/LAM/IAA/SSO/INTA/UPM/DASP/IDA.

Moins de 2 000 km

Les images du noyau de 67P/Churyumov-Gerasimenko prises avec la caméra OSIRIS-NAC ne sont pas encore aussi précises que celles des comètes 81P/Wild 2, 9P/Tempel 1 et 103P/Hartley 2, mais elles le sont déjà plus que celles des comètes 1P/Halley et 19P/Borrelly.

Mais, là où les choses deviennent vraiment fascinantes, c’est que la distance entre Rosetta et le noyau ne cesse de diminuer, si bien que dans quelques jours à peine, les images que nous pourrons voir seront sans doute les plus résolues à ce jour d’un noyau cométaire.

Nous vivons donc une période exceptionnelle qui, si la mission de Rosetta continue de se dérouler aussi bien, devrait transformer radicalement notre connaissance des comètes.

Au-delà de la simple joie de découvrir l’aspect d’un nouveau petit monde, les nombreux instruments de la sonde vont bientôt pouvoir commencer à ausculter, scruter, analyser, détailler dans la durée, la nature de cet agrégat de matériaux préservés « au congélateur » depuis l’origine du Système solaire.


Rosetta est une mission de l’ESA avec des contributions de ses États membres et de la NASA. Philae, l’atterrisseur de Rosetta, est fourni par un consortium dirigé par le DLR, le MPS, le CNES et l'ASI. Rosetta sera la première mission dans l'histoire à se mettre en orbite autour d’une comète, à l’escorter autour du Soleil, et à déployer un atterrisseur à sa surface.

*The scientific imaging system OSIRIS was built by a consortium led by the Max Planck Institute for Solar System Research (Germany) in collaboration with CISAS, University of Padova (Italy), the Laboratoire d'Astrophysique de Marseille (France), the Instituto de Astrofísica de Andalucia, CSIC (Spain), the Scientific Support of the European Space Agency (The Netherlands), the Instituto Nacional de Técnica Aeroespacial (Spain), the Universidad Politéchnica de Madrid (Spain), the Department of Physics and Astronomy of Uppsala University (Sweden), and the Institute of Computer and Network Engineering of the TU Braunschweig (Germany). OSIRIS was financially supported by the national funding agencies of Germany (DLR), France (CNES), Italy (ASI), Spain (MEC), and Sweden (SNSB) and the ESA Technical Directorate.