25 Février 2008

Jules Verne « déposé » sur l’orbite de l’ISS

En vol depuis le 9 mars, l’ATV poursuit sa route vers l’ISS. Au cours des 3 semaines qui se seront écoulées entre le lancement et l’amarrage, le véhicule aura subi quotidiennement des tests en tous genres pour valider tous ses systèmes, y compris les systèmes de secours et sa fiabilité. Objectif : garantir un rendez-vous parfait avec la station.
20 mars 2008
« Super ! », s’est exclamé mercredi matin le chef de l’équipe véhicule de l’ATV-CC, en réponse à la question : « Comment se sont passées les opérations de la nuit ? »

« Les premières manœuvres pour amener Jules Verne vers son orbite de parking se sont parfaitement déroulées. L’ATV est hyper stable, consomme moins de carburant que prévu, répond parfaitement. Un vrai plaisir ».

Une vraie performance, car il aura été mis à rude épreuve, ce premier exemplaire de l’ATV… Quelques anomalies mineures, beaucoup de tests, et surtout un travail très intense pour les équipes de l’ATV-CC, qui se relaient jour et nuit et guettent le moindre sursaut du Jules Verne.

Un rendez-vous d'une précision centimétrique. Crédits : CNES

Passage en mode survie

Le 9 mars, après quelques minutes de vol, les calculateurs de bord ont détecté une anomalie au sein du système de propulsion, et ont basculé sur le système de secours, comme le prévoyait la procédure. Pour les équipes opérationnelles, revenir à la situation nominale était une mission délicate : désactiver le système de propulsion puis le réinitialiser, une opération qui a nécessité pour les ingénieurs de Toulouse et des Mureaux de développer et de qualifier une procédure spécifique.
Au final, l’ATV a retrouvé sa configuration nominale, et ses 4 chaînes de propulsion sont en parfait état de marche. Les manœuvres d’approche ont donc pu commencer. Trois jours plus tard, le véhicule se situait à 303 km d’altitude, à mi-chemin entre l’orbite provisoire où l’avait placé Ariane 5 (260 km) et l’orbite de l’ISS (340 km).

L’heure était alors venue de tester la capacité de l’ATV à éviter une collision en cas de déviation de trajectoire durant la phase d’amarrage. Une démonstration qui a nécessité le passage du cargo en mode survie. « Tout s’est parfaitement déroulé. Le système de surveillance et de sécurisation a pris le contrôle de l’ATV comme prévu. Après cela, nous avons pu récupérer le vaisseau et redémarrer les calculateurs de bord » explique Alberto Novelli, le chef de mission de l’ESA à l’ATV-CC. Le cargo s’est depuis remis en mode croisière.

Scruté sans être vu…

Pendant ces 10 derniers jours, Jules Verne a été surveillé de très près, et pourtant personne n’avait pu le voir depuis qu’il avait quitté Ariane… Mardi, alors qu’il passait à seulement 30 km de la station, l’équipage de l’ISS a pu le filmer et retransmettre les images en direct à l’ATV-CC. Une petite récompense doublée d’un moment d’émotion pour tous les ingénieurs qui y travaillent depuis plusieurs années...

… mais un moment bref, car l’ATV, lui, n’a pas encore tout vu : tester le fonctionnement de la redondance de son système de propulsion, éviter les éventuelles collisions avec des débris (dont ceux du satellite militaire américain détruit il y a quelques semaines), et bien sûr, rejoindre sa cible finale.
Aujourd’hui, Jules Verne a rejoint l’orbite de l’ISS, stationné à 2000 km en avant de la station. Il y restera par mesure de sécurité jusqu’à ce que la navette Endeavour retourne sur Terre autour du 26 mars. S'enchaînera alors une dernière semaine de tests, destinée à démontrer aux partenaires russes et américains qu’il peut s’amarrer en toute sécurité, y compris en étant piloté depuis l’ISS lors de la phase finale.

« Je suis très satisfait du comportement de Jules Verne, du centre de contrôle et du professionnalisme et de la cohésion dont font preuve les équipes impliquées face aux différents incidents qui ont émaillé ce début de mission » commente Lionel Baize, chef du projet ATV-CC au CNES, qui fait le bilan à mi-parcours.

« Secoué » dans tous les sens, l’ATV se veut rassurant et montre qu’il sait détecter les pannes et se reconfigurer. C’est donc un véhicule entièrement opérationnel qui prépare son rendez-vous, historique, prévu à ce jour le 3 avril.

Pour suivre la trace de l'ATV à tout moment, consultez le lien suivant sur GoogleSatTrack

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