3 Juin 2008

L’altimétrie : un grand pas pour l’océanographie

Depuis plus de 15 ans, les satellites altimétriques scrutent les océans dans les moindres détails, recueillant plus de données en 10 jours qu’il en avait été emmagasiné pendant plusieurs siècles par bateaux. Une révolution pour l’océanographie qui ne fait que commencer, avec à la clé la perspective d’une meilleure prévision du climat.

3 juin 2008

Une révolution pour l’océanographie

« Grâce à l’altimétrie, nous avons pu réaliser des mesures uniformément réparties sur tout le globe, alors qu’avant nous n’avions que des mesures locales. » explique Yves Ménard, responsable scientifique de la mission Jason-2 au CNES. « De plus, elles sont effectuées tous les 10 jours au dessus d’une même zone. Nous pouvons ainsi assurer un suivi régulier dans l’espace et dans le temps des phénomènes océaniques », poursuit-il. Ces données ont beaucoup fait avancer l’océanographie.

C’est ainsi que la montée du niveau moyen des océans de 2 à 3 mm par an a été confirmée et que de fortes disparités locales ont été mises en évidence.
Autre résultat important : les grand courants, (comme le Gulf Stream), leurs variations annuelles et pluri-annuelles , ainsi que les instabilités qu’ils engendrent sont mieux connues. Par exemple, de nombreux tourbillons parcourent les océans en transférant leur énergie à l’atmosphère.

C’est le cas également des trains d’onde* qui, poussés par les vents, traversent les océans et ont un impact décisif sur le climat (comme les évènements El Niño et La Niña du Pacifique). Ces instabilités n’étaient pas connues auparavant. « On a découvert que l’océan était très turbulent sur des échelles spatio-temporelles allant de quelques jours à plusieurs années, de quelques kilomètres à plusieurs milliers de kilomètres » commente Yves Ménard.

Les marées, dont de nouvelles composantes ont été mises en évidence, sont mieux modélisées : leur précision en plein océan est passée de 10 à 2cm.

Et ce n’est pas fini !

Après Topex-Poséidon et Jason-1, Jason-2 s’apprête à prendre pendant 5 ans la relève des satellites altimétriques. Les scientifiques réfléchissent déjà au futur : aux prochains défis et aux performances des missions futures.
« Jason-2, bien que très précis, est encore un peu limité en terme de résolution spatiale, remarque Yves Ménard. Entre 2 traces adjacentes du satellite, il y a quelques dizaines de km, ce qui pose problème pour observer les phénomènes à petite échelle, en particulier ceux proches des côtes. » Une solution réside dans la mise au point de satellites à large fauchée, c'est-à-dire dont les mesures s’étalent sur une bande d’une centaine de km, qui amélioreraient considérablement l’échantillonnage.
« L’objectif ultime ? Exploiter l’altimétrie conjointement avec d’autres mesures spatiales, terrestres, et des modèles mathématiques performants pour mieux décrire et prévoir les phénomènes océaniques à toutes les échelles. Il sera alors possible de prendre en compte leurs impacts dans les prévisions climatiques pour les améliorer» conclue Yves Ménard.

Actualité de la campagne J-12
La semaine dernière, Jason-2, après avoir été pesé, a été sanglé sur l’adaptateur de vol muni d’un nouveau système d’amortissement (pour limiter les vibrations durant le vol). Après une vérification des connections électriques, le satellite a été emballé et installé dans le container de transport en vue de son transfert sur la base de lancement. Cette opération, prévue lundi 2 juin, a été reportée au mardi 3 en raison des mauvaises conditions météo, les vents étant plus forts que les limites admissibles pour ériger le satellite en haut de la tour. Le lancement est toujours prévu le 15 juin et la trajectoire est en cours de finalisation.

*ensemble d’ondes qui se déplacent simultanément dans la même direction

Voir aussi

Pour en savoir plus

Actualités antérieures

Jason-2 : le fils dépasse le père
Actualité du 23 mai 2008

Du niveau de l'eau à la météo
Actualité du 16 mai 2008

Baptème de l'air pour Jason-2
Actualité du 5 mai 2008