2 Juillet 2010

Rosetta rencontre un nouvel astéroïde

Après Steins en 2008, la sonde de l'ESA Rosetta s’apprête à rencontrer Lutetia le 10 juillet. L’occasion de tirer le portrait d’un objet extrêmement rare qui pourrait contenir des informations clé sur la formation du système solaire.

02 juillet 2010

Survol à 3000 km

Une fois de plus la sonde européenne Rosetta, qui arpente les méandres du système solaire depuis 2004, va avoir la chance de croiser la trajectoire d’un astéroïde peu connu d’une centaine de km de long : 21-Lutetia (le 21e astéroïde découvert).

Le 10 juillet, date du rendez-vous, elle passera à seulement 3000 km de la surface de l’objet. Une aubaine pour les planétologues du monde entier.

« Il y avait une vingtaine d’astéroïdes candidats sur la route de Rosetta, explique Francis Rocard, planétologue au CNES.

Nous avons sélectionné les plus intéressants sans trop dévier la trajectoire de la sonde. »

La sonde européenne doit croiser plusieurs astéroïdes sur le long chemin qui la mène jusqu'à la comète Churyumov-Gerasmenko. Comment ces objets ont-ils été choisis? Explications avec Philippe Gaudon, chef de projet Rosetta au CNES.

2 rendez-vous ont été planifiés par les scientifiques au cours des 10 ans que doit durer le voyage de Rosetta jusqu’à la comète Churyumov-Gerasimenko. L’astéroïde Steins en 2008 et Lutetia, cette année.

« Les objets de la ceinture principale d’astéroïdes, entre Mars et Jupiter, résultent d’un processus inachevé de formation d’une planète au moment de la formation du système solaire, explique Francis Rocard. D’ailleurs leur masse cumulée est celle d’une toute petite planète. »

Une partie du matériau qui les constitue pourrait donc dater de 4,5 milliards d’années.

Soirée événement le 10 juillet

« Lutetia est un corps particulièrement intéressant car c’est un astéroïde de type M comme métallique, précise Francis Rocard. Ils sont très rares, on n’en a encore jamais vu un de près. »

Le 10 juillet, tous les instruments d’observation de la sonde seront être en alerte et braqués sur l’astéroïde.

« Il y aura d’abord la caméra haute résolution, dont l’obturateur s’était malheureusement bloqué lors du survol de Steins en 2008, rappelle Francis Rocard. Il y aura aussi la caméra basse résolution puis l’instrument franco-italien Virtis pour la composition minéralogique de la surface ou encore la mesure de la déflection de la sonde lors du survol qui permet de déterminer la masse de l’astéroïde et donc sa densité. »

A 17h45 (heure de Paris), Rosetta passera au plus près de Lutetia, à 3000 km.

Les images parviendront sur Terre à partir de 19h (heure de Paris). Quelques unes d’entre elles seront montrées dès 23h. Une grande soirée est organisée à la Cité des sciences, à Paris, pour suivre l’événement en direct.

Elle sera animée à partir de 20h par Francis Rocard lui-même et Gilles Dawidowicz, de la Société Astronomique de France.

Les 2 planétologues retraceront les grandes lignes du programme Rosetta avant de commenter le survol en liaison avec les centres de contrôle de l'ESA, en Allemagne, et de la NASA, en Californie.

Quant à la sonde elle-même, elle rentrera, après cet ultime rendez-vous, dans une phase d’hibernation qui devrait durer 2 ans et demi avant son arrivée près de la comète Churyumov-Gerasimenko en mai 2014.

 

Podcast audio

Le 10 juillet 2010, la sonde Rosetta survolera l’astéroïde Lutetia. Quel est l’intérêt pour les scientifiques d’étudier ces objets ? Pourquoi la sonde Rosetta, destinée à observer une comète, fait-elle une étape en chemin ?

Pour le savoir, un coup de fil à Francis Rocard, planétologue au CNES.

 

 

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